1. Introduction
Les ondes hertziennes, aussi appelées ondes électromagnétiques, représentent un phénomène physique à l’origine de plusieurs innovations technologiques dans le domaine de la communication. Permettant le transport des sons sans l’utilisation de fil, elles ont mené, entre autres, à l’invention de la radio. Les ondes hertziennes correspondent donc à la propagation dans le vide de la variation d’un champ électrique et d’un champ magnétique. (Giancoli, 1989 :267). Les ondes électromagnétiques ont été mises au point par le physicien écossais James Clerk Maxwell (1831-1879), qui est le premier scientifique à avoir combiné l’électricité et le magnétisme dans une même formule. De sa théorie découle en fait quatre formules, aussi fondamentales que les lois de Newton. (Giancoli, 1989 : 267)
http://pagesperso-orange.fr/F6CRP/elec/images/prop6.gif, consulté le 10 octobre 2009
«Voici la représentation d'une onde électromagnétique. On y reconnaît le champ électrique perpendiculaire au champ magnétique. C'est l'ensemble et le couplage de ces deux champs qui forment l'onde électromagnétique. Nous, radioamateurs, produisons des ondes électromagnétiques pour communiquer. Elles sont en tous points, hormis la fréquence, identiques à la lumière.» (En ligne)
Le premier type de récepteur radiophonique sur le marché est la radio à cristal, utilisant le sulfure naturel de plomb comme détecteur d’ondes. Ces postes, très peu esthétiques, sont facilement fabricables, ce qui fait que bientôt tous les foyers en possède un. (Berger, 1997 :242)
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Homemade_radio_receiver_with_razorblade.JPG, consulté le 10 octobre 2009
Sur cette illustration, nous pouvons voir un poste à cristal fabriqué à la main. Le bricoleur utilise une lame de rasoir, certainement faite de plomb, comme détecteur d’ondes. (En ligne)
Rapidement, ces postes sont remplacés par la radio à lampe, qui utilise les triodes. Bien que plus coûteuses, leur avantage principal est de capter les signaux dans un rayon de 160 km, comparativement à 40 km seulement pour la radio à cristal. (Berger, 1997 :242) La possibilité d’amplifier le son constitue aussi une révolution majeure dans le domaine de la radio, grâce à l’invention du transistor dans les années 1950. (Giancoli, 1989 :137)
2. Lien avec la communication publique
Selon Jacques Rivet, professeur au département d’information et de communication de l’Université Laval, «la communication publique est l’ensemble des processus et des procédés de divulgation et de diffusion des faits des activités des personnalités, des organisations et des institutions lesquels donnent, au grand public comme au public averti, accès aux informations qui les décrivent et la mise en lumière des réactions de ces publics provoquées par ces informations sous forme d’enjeux et de débats publics.» (En ligne) En ce sens, la radio constitue un support idéal pour l’exercice de la communication publique. Cette innovation technologique représente ainsi une véritable fenêtre sur le monde pour les gens peu instruits de l’époque. «Parmi les grandes fonctions attribuées à la radio, on trouvait celle d’éduquer et d’informer, de faire connaître et découvrir, de former et de divertir.» (Berger, 1997 :254) Ainsi, l’animateur pratique le journalisme, en fournissant aux auditeurs une multitude d’informations fonctionnelles régionales, comme la météo et la condition des routes.
De plus, le principe de ‘talk radio’, style radiophonique qui incite la participation des auditeurs, fait son apparition, ce qui transforme la radio en média bidirectionnel. En effet, plusieurs émissions intègrent des tribunes téléphoniques, ce qui permet aux simples récepteurs de devenir émetteurs. Ce genre d’émissions favorise évidemment les débats, et constitue un exemple pertinent d’exercice des relations publiques, où chacun prône son parti. Le ‘talk radio’ comporte aussi des entrevues, où un artiste ou un porte-parole d’organisation vient dorer son image en ondes. C’est une autre façon de faire des relations publiques à travers la radio. Il ne faut pas oublier la publicité, qui bénéficie d’une place de choix dans ce média, et ce, depuis son apparition. J’en donne d’ailleurs un exemple au point suivant.
3. Exemple de son utilisation dans le domaine de la communication publique
Comme nous le savons maintenant, la diffusion des sons au moyen des ondes hertziennes a été mise au point au milieu du XIXe siècle. Cependant, ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que la radio connaît son essor en tant que média de masse. Utilisée d’abord par les militaires à des fins fonctionnelles, les grands manufacturiers de la guerre ont par la suite décidé d’exploiter son potentiel. Leur but : élargir leur clientèle en bénéficiant d’une diffusion importante. (Vipond, 1989 : 37). Il s’agit des premières manifestations de la publicité à la radio.
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/20173.html, consulté le 9 octobre 2009
Cette photographie illustre l’intérieur de la station expérimentale XWA, fondée à Montréal en 1919 par Marconi. Il s’agit du premier poste de radio au Québec. La photo a été prise en 1920, où XWA se nomme maintenant CFCF. (En ligne)
Comme ce média connaît un succès instantané, rapidement, le nombre de stations foisonne. Les commerçants constituent les plus importants propriétaires. Voyant la rentabilité de la chose, ils utilisent leurs propres stations radiophoniques comme vitrine pour la vente de leurs produits. De cette façon, ils n’ont pas de tarif publicitaire à payer. Comme le règne de la radio débute sous la gouverne de différents particuliers, ce média est régi par une logique commerciale, les propriétaires ayant pour objectif l’augmentation de leurs profits via la publicité.
Ce n’est qu’en 1932 que l’État intervient à la radio, en instaurant la loi sur la radiodiffusion. L’influence américaine devenant de plus en plus inquiétante, le but de cette loi est de préserver le contenu canadien à la radio. (Berger, 1997)
4. Critique de la technologie
Les principes techniques à l’origine de la radio sont difficilement critiquables. En effet, bien que ce média, depuis son invention, a jouit de plusieurs modifications techniques, il n’en est pas moins que la radio hertzienne a fait ses preuves, puisqu’elle est encore utilisée aujourd’hui. Ce qui ne fait pas l’unanimité par contre, c’est l’utilisation que l’homme en a fait au fil du temps. À ce sujet, voyons l’opinion de Pierre Pagé, professeur à l’Université du Québec a Montréal.
Comme je l’ai mentionné ci haut, les tribunes téléphoniques ont connu une montée fulgurante dès leurs débuts. Synonyme de démocratie, ce concept radiophonique était voué au succès. Cependant, certains auteurs dénoncent la mauvaise utilisation de cette plate-forme. «Les problèmes ont surgi lorsque certaines tribunes n'étaient plus menées comme services pour faire place à un ‘public vedette’ mais plutôt comme des spectacles centrés sur un ‘animateur vedette’.» (Pagé, en ligne) L’auteur valide ses propos en soulignant le fait que plusieurs plaintes du public ont été formulées auprès d’instances officielles durant les décennies 1970-1980. Il nuance cependant, en révélant la position de ces mêmes instances, notamment le CRTC et le Conseil de presse du Québec, qui stipulent que ces lignes ouvertes ont fait faire un pas de géant à la démocratie au Québec.
Durant le milieu des années 1980, le CRTC, conscient du problème que pose parfois ces émissions radiophoniques, a décidé d’élaborer une réglementation, afin de contrôler et d’encadrer la pratique radiophonique, en énonçant des principes de base que les stations doivent respecter. Cependant, les stations s’y opposent virulemment, et le CRTC opte plutôt pour que chaque station respecte ses propres règles éthiques. (Pagé, En ligne)
Encore aujourd’hui, nous sommes confrontés au phénomène d’«animateurs vedettes». Par exemple, Gilles Proulx et Jeff Fillion ont fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. Il est donc légitime de se questionner à savoir si les instances gouvernementales auraient eu avantage à imposer leur projet de réglementation dès les années 1980 ?
http://www.canoe.com/divertissement/celebrites/nouvelles/2008/06/10/5829071-jdq.html, consulté le 10 octobre 2009
On reconnaît ici Jeff Fillion, ancien animateur de la station CHOI, congédié il y a quelques années pour avoir tenu des propos offensant notamment contre Sophie Chiasson. (En ligne)
5. Conclusion : pistes de réflexion
Parmi les limites de la radio, notons qu’il s’agit d’un média intime, favorisant la communication interpersonnelle. (McLuhan, 1993) Ainsi, bien que les émissions de type tribune téléphoniques favorisent le débat entre groupes, la radio génère difficilement les rassemblements comme la télévision le fait. «À la radio, tout ce qu’un grand rassemblement populaire a d’entraînant est malheureusement hors de portée : elle devrait donc avoir l’intelligence de reconnaître ses propres limites et de s’en tenir aux seules formes de paroles susceptibles de toucher directement le cœur et l’esprit de l’auditeur, puisqu’elles correspondent précisément à l’essence de la radio.» (Arnheim, 1936 :99) C’est pourquoi, encore aujourd’hui, la radio met l’accent sur le contact de personne à personne, notamment en favorisant vivement l’implication des auditeurs.
Nous sommes présentement à l’ère de la numérisation de l’information. Ainsi, plusieurs nouveaux médias entrent en concurrence avec les médias dits traditionnels tel la radio. Le cas échéant, notons les podcasts, qui «permettent aux utilisateurs l'écoute ou le téléchargement automatique d'émissions audio ou vidéo pour les baladeurs numériques». (En ligne) Cette variation de la radio comporte de nombreux avantages pour la jeune génération. Elle permet entre autres, une grande mobilité et une indépendance certaine quant à l’heure et l’endroit d’écoute. Certains se questionnent sur l’avenir de la radio, compte tenu de l’apparition de ces nouvelles technologies fort plus pratiques, qui cadrent beaucoup mieux avec le rythme de vie effréné des travailleurs d’aujourd’hui. Quoi de plus pratique que de s’informer directement sur son téléphone mobile, peu importe l’endroit où nous nous trouvons. En revanche, Selon McLuhan, la radio est le média le plus adapté à une société de plus en plus diversifiée. Il serait donc selon lui, le média de l’avenir. (Dans Akoun, 1997)
6. Bibliographie
Akoun, André. 1997. Sociologie des communications de masse. Paris : Hachette Supérieur. Coll. Les fondamentaux, p. 49. Dans Communication et changements technologiques. Département d’information et de communication. Université Laval. En ligne. http://www.changements.com.ulaval.ca/module3/3_2.php. Consulté le 11 octobre 2009.
Arnheim, Rudolph. 1936. Radio. Van Dieren Editeur.
Berger, Jean du et al. 1997. La radio à Québec 1920-1960, Québec, Presses de l’Université Laval.
Giancoli, Douglas C. 1989. Physique générale 2 électricité et magnétisme. Traduction de Physics for Scientists and Engeineers with Modern Physics (second édition). Adaptation de Bernard Marcheterre. Montréal. Les éditions de la Chenellière.
McLuhan, Marshall. 1993. Pour comprendre les médias : les prolongements technologiques de l’homme. Saint-Laurent, Québec, Bibliothèque québécoise. Traduit de l’anglais par Jean Paré, préface de Florian Sauvageau.
Notes de cours Histoire des médias. Josette Brun. Hiver 2009. Département d’information et de communication. Université Laval.
Pagé, Pierre. L’invention des tribunes téléphoniques : une radio «interactive ». Dans Communication et changements technologiques. Département d’information et de communication. Université Laval. En ligne. http://www.changements.com.ulaval.ca/module3/page10.php. Consulté le 10 octobre 2009.
Rivet, Jacques. Département d’information et de communication. Université Laval. En ligne. http://www.com.ulaval.ca/personnel/professeurs/jacques_rivet/index.php. Consulté le 8 octobre 2009.
Vipond, Mary. 1989. The mass media in Canada. Toronto. Éditions J. Lorimer.
Wallstein, René. 2007. «Télécommunication - Histoire. La radiophonie et la radiotéléphonie ». Encyclopedia Universalis. En ligne. http://www.universalis-edu.com/article2.php?napp=92258&nref=C010150. Dans Communication et changements technologiques. Département d’information et de communication. Université Laval. En ligne. http://www.changements.com.ulaval.ca/module3/universalis_radiophonie.php. Consulté le 8 octobre 2009.
Wikipedia. Podcasting. En ligne. http://fr.wikipedia.org/wiki/Podcasting. Consulté le 10 octobre 2009.
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